Holden - Interview 2006

Holden - Concert L'Empreinte (Savigny Le Temple) 2010




Interview

Holden - Interview - Pierre Derensy


Le groupe Holden grâce à ce disque «Chevrotine» sera enfin au moins apaisé sur un point : en effet plus personne ne va les prendre pour une formation à tubes pop. Tout dans ce disque est bien plus délicat que de la pop. Leur album à fleur de pop n’est pas ordinaire, il s’apprivoise, se compare peut être mais pas à de la pop. 4 fois pop dans un chapeau d’articles cela doit permettre dorénavant d’évoquer autre chose qu’un style.

Pierre :
Le titre « Chevrotine » a t’il vraiment un rapport avec le « Revolver » des Beatles ?
Armelle Pioline :
Je ne me permettrais jamais de faire une telle analogie ! (rire) C’est un nom qui n’a aucun rapport avec le « Revolver » des Beatles, qui est toutefois un disque que j’adore.
Pierre :
Par contre c’est un titre qui peut faire « mal » ?
Armelle Pioline :
C’est un titre cruel que l’on peut relier aux faits divers mais en même temps c’est un mot charmant qui sonne bien.
Pierre :
Dans la première chanson fantastique « Ce que je Suis » vous dites « J’oublie, je bois – Je bois l’oubli », j’aurais aimé savoir quel goût avait cet oubli ?
Armelle Pioline :
Il doit être amer. Une boisson médicamenteuse. Ca n’a pas bon goût en tout cas (rire).
Pierre :
Est ce que chanter ce n’est pas un moyen d’oublier ce goût particulier ?
Armelle Pioline :
Mais si bien sur. Je pense que tous les artistes quels qu’ils soient, tous ceux qui s’expriment par le biais de l’art ont un super médicament dans le ventre. C’est une sorte de thérapie. En tout cas s’en est une pour moi.»
Pierre :
Vous mettez 4 ans entre chaque disque, il vous faut beaucoup cogiter ou avez vous des projets divers et variés qui vous empêchent de vous consacrer uniquement sur Holden ?
Armelle Pioline :
On a tous des projets parallèles. Moi j’ai bossé sur 2 autres choses en tant qu’auteur et interprète, comme je m’engage toujours à fond cela me prend du temps. Les autres c’est pareil. On avait tous envie de sortir de la vie sclérosée que peut devenir un groupe à un moment et lorsqu’on revient à la maison nous sommes tous heureux. Cet album on l’a aussi beaucoup cogité. Je trouve qu’un troisième album c’est super important. On avait vraiment envie de se surpasser et de ne pas sortir un énième album de pop.
Pierre :
« Chevrotine » est il le moyen d’enlever cette fameuse étiquette que je ne rappellerais pas encore une fois mais qui vous à collé aux chaussures ?
Armelle Pioline :
On a vite trouvé un moyen d’affirmer ce qu’on voulait dire. C’est vachement dur en France de trouver sa voie. A cause de tout le poids de ce qui est la chanson française. C’est dur de trouver son style et de l’imposer. Sur l’album précédent nous pensions y être arrivés mais nous avions vite été rattachés à un courant qui ne nous correspondait pas vraiment juste parce qu’il y avait un morceau sixties sur l’album. En même temps je préfère être cataloguée dans un truc mauvais que pas catalogué du tout.
Pierre :
« Charlie Rosie et Moi » pourrait être pris pour une belle petite balade mais finalement derrière la musique se cache un texte impitoyable ?
Armelle Pioline :
C’est super important. Je n’ai pas envie d’imposer quelque chose de lourd. Sinon il ne faut pas faire chanteur mais autre chose. La musique c’est porteur d’émotion, parfois douloureuse mais cela reste quelque chose à partager. Nous avions des choses à dire de dur mais nous voulions envelopper tout cela dans quelque chose de léger. Le titre du disque traduit très bien cet état. Sous un air assez doux et léger il recèle quelque chose de violent.
Pierre :
Faire une chanson sur Madrid avec des airs Morriconiens c’est tout l’art de votre groupe : être anachronique tout en restant classieux ?
Armelle Pioline :
J’aime bien être là où on ne m’attend pas. C’est vrai que l’on aurait pu mettre des castagnettes mais non ! (rire) une fois que vous avez compris qu’il est possible de faire ce que l’on veut dans l’art on en devient libéré. Il y a un grand boulevard merveilleux qui s’ouvre quand vous comprenez ça.
Pierre :
Quel est votre technique pour séduire Jean Louis Murat et le faire venir chanter avec vous sur 2 albums coup sur coup ?
Armelle Pioline :
Je ne sais pas. C’est lui qui est venu me chercher en premier. C’est lui qui a commencé M’sieur ! (rire) Il m’a branché pour que je chante sur son album et comme la collaboration a été très bonne on a retravaillé ensemble. Il nous a écrit ce texte « L’Orage », il l’a chanté admirablement. Je pense qu’on s’entend très bien artistiquement et dans la vision des choses.
Pierre :
Atom Heart votre producteur est il un membre à part entière d’Holden ?
Armelle Pioline :
On ne peut pas dire ça car il se limite à la conception de l’album. Après quand l’album est en boite il n’intervient plus du tout. Il n’a pas la vie avant ou après l’enregistrement. Par contre c’est vrai qu’en temps que producteur c’est un peu notre Georges Martin à nous. il est époustouflant, hallucinant, c’est merveilleux de travailler avec ce type.
Pierre :
Qu’est ce qui change d’enregistrer l’album à Santiago du Chili ?
Armelle Pioline :
Rien ! c’est juste un pur bonheur ! prendre sa petite guitare et prendre l’avion pour enregistrer au bout du monde c’est magique. Je trouve que c’est un luxe incroyable. Je me sens très privilégiée quand il m’arrive des choses comme ça. Une fois enfermé dans le studio que vous soyez là bas ou à la Courneuve ça ne change pas grand chose.
Pierre :
Vous êtes très connu en Amérique du Sud ?
Armelle Pioline :
N’exagérez pas. C’est très vaste comme continent. Nous c’est le Chili ! je sais pas pourquoi, on bénéficie d’une aura incroyable. Je pense qu’on est exotique. On a un blog depuis quelque temps sur notre site Internet et la moitié de ceux qui nous écrivent sont des chiliens.
Pierre :
Concernant vos clips, il y en a un qui va sortir réalisé par un réalisateur Joris Clerté mais aussi un autre par un chilien Pablo Solis, pourquoi ce doublon ?
Armelle Pioline :
En fait il va y en avoir 2 chiliens ! Nous avons donc sur « Ce que je Suis », un petit film d’animation superbe fait par Joris Clerté : celui là c’est « l’officiel », et ensuite comme nous avons joué dans un film chilien, le réalisateur du film a voulu faire un clip de notre album. Et nous avons deux jeunes étudiants qui vont sortir un film d’animation sur la chanson « Sur le Pavé »… et scoop : il y en a un qui va se faire à Montréal sur la chanson « Madrid ». Pour un groupe qui sort sur un label indépendant sans major derrière c’est un véritable tour de force qui me ravi.