Interview

Jeremy Warmsley - Interview - Pierre Derensy


Jeremy Warmsley est un jeune homme à lunettes de 23 ans qui a la carrure d’un futur gagnant de la Nouvelle Star, mais de celle qui serait diffusée outre-Manche. C’est à dire qu’il cumule la normalité d’un jeune anglais comme une autre tortue s’accapare la ligne du français moyen. La principale caractéristique qui permet de faire un parallèle entre les deux, c’est que comme le reptile français, la bobine du premier communiant de Jeremy qui ne semble pas y toucher est pétrie de talent ! Son premier album « The Art of Fiction » est tout simplement gigantesque et s’écoute sans faim.

Pierre :
Comment as tu appris le français ?
Jeremy Warmsley :
Ma mère est française.
Pierre :
Apparemment quand tu étais plus jeune, à l’université, tu faisais une autre sorte de musique que celle proposée sur le disque ?
Jeremy Warmsley :
Oui j’essayais de faire une musique soit plus rock, soit plus folk… disons très traditionnelle… Je me suis rendu compte un jour que tous les artistes que j’adorais étaient tous des précurseurs d’un nouveau style. Qu’ils cherchaient continuellement à évoluer en bien. Je me contentais juste de recopier. Alors après cette constatation, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose de nouveau, de différent, pas copier le style de Brian Eno par exemple mais m’en inspirer.
Pierre :
Tu t’es libéré grâce à l’électronique ?
Jeremy Warmsley :
Avant je n’utilisais l’ordinateur que pour m’amuser. Ce n’était pas sérieux. Quand j’ai mélangé mes anciennes aspirations organiques et la musique électronique, c’était vraiment très gratifiant.
Pierre :
Avec quel instrument composes tu tes chansons ?
Jeremy Warmsley :
Disons que je suis capable de composer une chanson avec un ukulélé chez moi et ensuite pour l’album, prendre une guitare, ou un piano. C’est toujours différent. J’essaye toujours de trouver des nouvelles manières de composer pour que cela reste frais. J’aime aussi l’idée de développer une chanson sur un autre instrument que celui échu au départ. Par contre, je pense toujours à la manière d’enregistrer dès la première note griffonnée sur un bout de papier.
Pierre :
On dirait que tout part chez toi du cerveau, que tout est intellectualisé sous le rêve et l’onirisme de tes thèmes ?
Jeremy Warmsley :
Je le prends comme un compliment ! (rire) En tout cas j’ai toujours des ambitions supérieures à mes moyens (rire). Soyons réaliste, demandons l’impossible.
Pierre :
On ressent beaucoup de correspondance avec certains films, comme ceux de Tim Burton, cette part de mystère et de féerie ?
Jeremy Warmsley :
Vraiment ? Je ne connais pas bien... je n’ai même pas vu « Edward aux mains d’argents ».
Pierre :
Etais tu comme lui un garçon assez rejeté des autres plus jeune, qui a utilisé l’art pour s’en sortir et exprimer ses angoisses ?
Jeremy Warmsley :
Peut être… enfin j’avais quelques amis (rire) mais j’habitais beaucoup dans ma tête. On a beaucoup bougé quand j’étais gamin. Pour moi cela ne faisait pas beaucoup de différence d’être en Angleterre ou en Amérique du Sud. J’emmenais ma maison dans mon crane
Pierre :
A quoi te servait la musique à cette époque ?
Jeremy Warmsley :
C’était un moyen de dire les choses et surtout une bonne façon de passer les heures.
Pierre :
Le titre « The Art Of Fiction » était il un moyen de faire croire que tout était inventé ?
Jeremy Warmsley :
Exactement. Cet album est un album fait dans le passé et je voyais les titres comme des fictions mais bizarrement ces histoires se sont véritablement passées. Il y a donc beaucoup de vérités dans mes chansons. Le titre c’était un moyen de mentir. Il fallait resté caché.
Pierre :
Tu dis « écrire tes chansons comme elles viennent » cela signifie quoi ?
Jeremy Warmsley :
C’est un travail énorme que je m’impose sur ces chansons. Ce n’est pas un style. Ce qui m’ennuie sur l’album, c’est qu’il n’y a pas une grosse cohérence en terme d’album, il n’y a pas une continuité. C’est une suite de chansons.
Pierre :
Pourtant on imagine fort bien que tu puisses faire une comédie musicale ?
Jeremy Warmsley :
C’est marrant que tu me parles de ça car mon projet tout nouveau là c’est un maxi de 6 chansons qui va raconter une histoire aux enfants en 6 chapitres. J’aimerais bien faire un petit film animé pour l’accompagner car c’est une histoire énorme pour moi 6 chansons sur le même thème (rire).
Pierre :
En studio : souvent c’est toi qui joue d’un instrument, parfois un autre musicien et parfois tu déclares que l’instrument n’existe pas ?
Jeremy Warmsley :
J’aime bien inviter des musiciens, les enregistrer sur l’ordinateur et ensuite m’amuser à couper, coller des pistes. Et l’autre chose c’est que j’aime accorder bizarrement certains instruments : le son au final n’est plus caractéristique d’une guitare ou d’un piano. Ce n’est donc plus un instrument que l’on connaît.
Pierre :
Tu joues ce soir à la Flèche D’or et j’imagine que ton album sur scène, alors que tu es tout seul, est un véritable casse tête à jouer ?
Jeremy Warmsley :
Pour moi ce qui est important sur un disque ,c’est que dans 10 ans tu puisses encore trouver des choses nouvelles. Avec les concerts c’est un one shoot. Il faut être très direct, très pur et exprimer les chansons de la manière la plus simple. Je chante tout seul avec ma guitare et mon piano.
Pierre :
As tu travaillé ta voix ?
Jeremy Warmsley :
Hier j’ai entendu un enregistrement de moi d’il y a 7 ans. A cette époque, je ne chantais même pas dans la choral de l’école car tout le monde m’avait dit que ma voix était dégueulasse. Cela m’a aidé à travailler ce point et dorénavant j’ai confiance en mon timbre de voix.
Pierre :
Ta maman est française, ton père est anglais, qu’est ce que t’a apporté cette double culture ?
Jeremy Warmsley :
J’ai surtout de la chance que ma famille, quelle que soit son origine et les passeports, était ouverte aux arts. Ils m’ont appris beaucoup de choses. A aimer ce qui était intellectuel. A développer ma sensibilité aussi.
Pierre :
Sur la pochette tu tiens un canaris : on ne sait pas si tu l’as dans les mains pour le croquer ou le protéger ?
Jeremy Warmsley :
Je crois plutôt qu’il me protége. Je ne m’éloigne pas de lui car il est mon sauveur. Au XIXème siècle, en Angleterre quand ils descendaient dans les mines de charbon, ils prenaient un canaris, l’installaient dans une cage et le canaris était là pour les prévenir d’une présence de gaz.