Chronique Album

Alexandre Varlet - Chronique Album "Ciel de Fête" - Pierre Derensy


On connaît le label Fargo en grande partie pour ses trouvailles en matière de chanteurs folks américains, pour les disques d’Andrew Bird ou d’autres spécimens tout aussi brillants. S’il fallait pitcher le catalogue, on pourrait annoncer que leur musique elle vient de là, elle vient du blues. Retrouver un petit frenchy au pays de la country est une surprise mais Alexandre Varlet est un échantillon particulier, l’arbre qui cache la forêt, une pièce unique, un électron libre qui ne départ pas dans le paysage et peut revendiquer une filiation chez Robert Wyatt.

Dans ce troisième album, il chante « je n’ai pas le sens de l’orientation » sur une orchestration de tonnerre avec guitare électrique et batterie nerveuse crénelée sur un chant caractéristique proche de la fragrance que construit Nick Cave sur ses chansons. On veut bien croire qu’il n’a pas une carte dans la tête car son territoire n’est pas compartimenté. Capable de changer de rythmes, « Je veux Ton Amour » qui dans le domaine de la mélancolie n’a pas son pareil, précède un « Mes Yeux » langoureux ou « Cours Cow-Boy » rock décapant avec la diction d’un chef de meute hargneux.

Un disque abordable (la preuve, il passe en radio) contrairement aux précédents plus « underground », ce cynique à qui l’on a fait payer chèrement son franc parlé, s’est acheté une conduite. Comme tout bon timide qui s’extériorise en musique, il est encore adroit pour parler d’un ‘Ange’ perdu dans un ‘Trou du Cul’ et cela fait tout son charme. En tout cas, il donne à son « Jour de Fête » dans un désir de lumière et de vie, un état d’ivresse permanent où les voyages mélancoliques sont aussi inclus dans le planning du Tour-opérateur.

Ce disque étant taillé pour la scène avec des sons plus pop-rock, on attendra son passage pour se faire une idée de la réelle valeur d’Alexandre Varlet. En tout cas : sa cote monte.