Annonce Album 1992

Saada Bonaire 2022  - Annonce Album 1992

Saada Bonaire 2022 - Annonce Album 1992


Jusqu'à récemment, on pensait avoir entendu tout ce qu'il y avait à entendre de Saâda Bonaire. Les enregistrements des années 1980 du groupe allemand avaient été compilés sur le désormais culte double album Saâda Bonaire, publié par Captured Tracks en 2013. Bien que le groupe ait continué à travailler jusqu'en 1994, le fondateur Ralph "von" Richtoven avait fermement déclaré que tout leur travail post-1986 était perdu. Sorti maintenant pour la toute première fois, 1992 compile leurs travaux du début des années 90, perdus depuis longtemps. Produites entre Brême et New York, les 12 chansons présentées ici illustrent les tentatives du groupe d'orienter leur son de fusion caractéristique (reggae, afro-funk, musique orientale et voix féminines allemandes sulfureuses) vers des territoires inexplorés de nu jazz, trip-hop et house.

Après la sortie de leur single « You Could Be More As You Are » en 1984 et une débâcle artistique ultérieure avec EMI, le groupe a fait une pause en 1985. La chanteuse Claudia Hossfeld a le groupe, et Richtoven et la chanteuse Stephanie Lange naviguaient au milieu d'une récente rupture. « Pour tenir le coup, je me suis tenu occupé autant que possible » explique Richtoven. « J'avais un emploi à plein temps, travaillant dans le social et le culturel pour la ville. Le soir, je produisais de la musique au Dub City Studio ». C'est à cette époque qu'il rencontre le musicien local de jazz Mike Ellington. Inspirés par la dance music émergeant au Royaume Uni et aux Etats Unis, les deux décidèrent de donner une autre chance au projet en 1990. Stephanie Lange accepta de reprendre son rôle de chanteuse, tout comme de nombreux musiciens turco-kurdes qui avaient joué sur les enregistrements des années 80. Il y a aussi eu quelques nouveautés : Ellington en tant que co-producteur et le chanteur folk d'Irlande du Nord Paul Lindsay au chant. Entre 1991 et 1994, cette nouvelle incarnation de Saâda Bonaire a enregistré plus d'une douzaine de titres dans le studio d'enregistrement d'Ellington, joliment installé dans le sex shop tenu par sa famille.

Il n'est pas surprenant, étant donné le laps de temps et la nature fluide du projet, que ces enregistrements diffèrent, sur le plan sonore, du contenu des années 1980. Sur 1992, Saâda Bonaire intègre de nouvelles influences de l'époque (house, hip-hop, rap) dans son univers sonore éclectique. La voix mélancolique d'Andrea Ebert, produit de sa formation de choriste à l'église et d'un amour précoce pour la musique soul et le jazz américain, compense la voix décontractée et plus allemande de Stephanie Lange. Cette interaction unique a renforcé la nouvelle orientation du groupe, comme en témoignent les reprises inspirées de "Woman" de James Brown et de "To Know You Is To Love You" de Syreeta Wright et Stevie Wonder. L'influence américaine s'est également concrétisée par les contributions du célèbre DJ Matthias Heillbronn et du rappeur Jimmy Lee Patterson, qui ont tous deux donné de l'éclat aux morceaux enregistrés aux Axis Studios de François Kevorkian à New York.

Tous ces éléments aboutissent à une alchimie de textures et thèmes apparemment disparates qui, à la manière de Saâda Bonaire, s'assemblent dans une harmonie quasi impossible. « Cela a toujours été le concept de Saâda Bonaire : promouvoir de manière subliminale la tolérance de « l'autre » à travers le genre sinueux de la musique pop » explique Richtoven. « Finalement, l'étranger est élevé au rang de familier ». Andrea Ebert ajoute : « Nous voulions guider nos auditeurs vers une façon d'être plus aimante et empathique. »

Malheureusement, les enregistrements de la démo ont été jugés trop bizarres pour les normes des maisons de disques des années 1990 et, par conséquent, n'ont jamais été publiés. Comme pour tout ce qui concerne Saâda Bonaire, la découverte de ces enregistrements abandonnés ressemble a des allures de miracle impossible. Près de dix ans se sont écoulés depuis la sortie de la dernière compilation, et trente ans depuis l'enregistrement des disques. Le fait qu'ils sonnent encore frais et avant-gardistes témoigne de la capacité de Saâda Bonaire à créer une musique pop pour les outsiders passés, présents et futurs.

Richtover confie : « J'ai toujours su que nos goûts étaient un peu en avance sur le temps. Peut-être aurions-nous dû arrêter de regarder vers le grand au-delà pour trouver l'inspiration et rester coincés dans le programme de marketing local. Mais pourquoi ? Un statut à court terme et de l'argent rapide ? Si le marché n'est pas d'accord avec ce que nous faisons, ce n'est pas mon problème. Si c'est une idée arrogante, alors traitez-moi d'arrogant ! J'ai encore des frissons dans le dos quand j'écoute « Woman » et « To Know You Is To Love You ». Au fond de moi, je sais que nous avons atteint notre potentiel musical. »

photo courtesy of Andreas Weiss

photo courtesy of Andreas Weiss