Chronique Album

Yves Simon - Chronique Album "Rumeurs" - Pierre Derensy


Yves Simon dans ma tête touchait un peu le même public qu’Yves Duteil. Allez savoir pourquoi, une question de prénom certainement. Comme Patrick Sébastien et Patrick Sabatier. On prend les albums de l’un ou de l’autre et on installe le tout dans la catégorie chansons polies qui ne font surtout pas de vagues. Préférant l’absence de Manset aux chorus de Simon, j’étais tout près de passer à coté de ces « Rumeurs », un type vraiment trop littéraire pour m’être sympathique.

Et comme le chiffre 12 peut parfois précéder le 13 et porter chance (douzième disques et autant de romans) j’ai eu le bonheur de découvrir un artiste syncrétique, beaucoup moins glabre que prévu. Lorsque l’on est capable d’écrire « j’ai peur des balafres sur le cœur » forcement on est un peu dans le vrais, dans l’adéquat des lignes en ce qui concerne les paroles.

L’auditeur profite du classicisme de l’auteur pour évoquer la fragilité des sentiments, Yves Simon serait un séducteur aussi classe que Guy Marchand mais avec des mots de Modiano sur une voix de velours.

Musicalement traditionnel en mode acoustique, le coup de génie vient de la mise en valeur de ses chansons par Jean-Louis Piérot (Miossec, Bashung, Daho…). Saint Jean-Louis qui renouvelle l’univers d’un vieux briscard tout en restant humble et discret au service de l’artiste.

Ce disque est un disque africain. Chaud. Ensoleillé. Métissé. Avec un piano ancré sur le sol européen, des percussions de pays chauds, des guitares anglo-saxonnes et le tout réunis en un seul homme.

Dans le livret, on découvre une photo de femme de dos qui ouvre la fenêtre et se laisse envahir par la clarté du jour sur le titre « Patrice » et l’on pourrait se dire que l’histoire se termine bien… mais Yves Simon a le génie de nous pousser dans un vertige, celui de se demander si cette charmante jeune femme n’est pas au seuil de se laisser pousser des ailes ou simplement de chuter sur le macadam.

Sur le fil nous resteront donc, comme ce funambule qui passe d’un art à un autre avec beaucoup de souplesse.