Chronique Album

Tombés Pour Daho - Chronique Album "Tombés Pour Daho" - Pierre Derensy


Généralement lorsque survient un album de reprise d’un artiste, il est plutôt accueilli comme un gros bouquet de chrysanthème ou un faire part de décès imminent. On commémore plus que l’on ne s’approprie l’œuvre d’un chanteur charismatique devenu au fil du temps un disparu que l’on remet au goût du jour. Pour Daho, il en va tout autrement, premièrement car Etienne vient de sortir un de ses plus beau disque studio et deuxièmement car la sélection des admirateurs, convoqués à reprendre le maître bouscule l’œuvre sans aucun scrupule (en tout cas pour beaucoup d’entre eux).

Daho étant éclectique et expérimenté dans sa variété française, il est tout à fait normal de retrouver du monde au balcon. Des esprits disparates, des artisans comme des grands producteurs. Baroque est donc le casting, l’homogénéité ne venant que du sujet. Il n’y a pas ici de place à la « nouvelle » chanson française mais une grande part à la chanson tout court, d’où qu’elle vienne, quoi qu’elle produise.

Doriand qui reprend à la limite de l’imitation « Tombé pour la France » confirme qu’il y a encore du chemin avant de se détacher du maître. Ginger Ale et son « Grand Sommeil » intrigue, ils poursuivent une sorte de ravalement de Daho après leur collaboration avec le chanteur Rennais sur la première mouture de « If » c'est-à-dire : avant Charlotte Gainsbourg.

S’il fallait prendre le plus extravagant du meilleur de cet album, bien sur figurerait Sébastien Tellier et « Des Heures Hindoues » ou l’association d’Olivier Libaux et JP Nataf claquant sur « Epaule Tattoo ». L’ami Jacno s’en sort bien en exhumant des hits un titre moins claquant intitulé «On s’fait la Gueule ».

Pour poursuivre dans la famille : Elli Medeiros langoureuse et lascive dans les bras de Benjamin Biolay monte d’un cran le niveau des «Bords de Seine » et revient seule se déchaîner sur « Jungle Pulse ». Daniel Darc fait du Daniel Darc donc merci beaucoup. On laissera la reprise la plus clinquante à Readymade FC via « Soudain » qui nous rappelle Burt Baccarach ou Sacha Distel plus que l’auteur originel.

Arnold Turboust est là aussi, Coralie Clément et d’autres complètent le tour du dandy en 15 chansons intemporelles. Ce qui au début semblait un risque devient donc une évidence : Daho est important et ne doit pas être mécontent de ces ouailles de passages sur son territoire. A force d’ouvrir des chemins on fini par susciter la naissance d’une nouvelle dynastie de conquérants.