Chronique Album

Olive et Moi - Chronique Album "Fais moi une Passe" - Pierre Derensy


Il est assez commun lors de la rentrée culturelle, de s’émouvoir sur un petit nouveau dans le monde littéraire, un artiste qui va révolutionner l’écriture et qui bien souvent s’oubliera tout aussi vite, se noyant dans « les nouveaux nouveaux » plumitifs en tête de gondole, dont tout le monde parle. En musique, c’est beaucoup plus rare de tomber sur le gros poisson à la pêche du dimanche de Septembre.

J’ai peut être péché la carpe qui a attendu 40 ans pour oublier son mutisme et naviguer dans les eaux insalubres de la musique. Olivier Costes aurait pu s’appeler Paris Hilton, mais il a choisi pour nom de scène « Olive et Moi » et quand on écoute son premier disque, on entend un peu du Miossec tendre et sardonique, beaucoup de Da Silva qui a comme par hasard arrangé et réalisé (voir guidé) ce nouveau venu.

Eternel enfant de l’amour et touche à doux, OlivOn observe beaucoup de Ukulélé comme chez Thomas Fersen (et c’est normal, ils sont de la même crémerie) mais de la guitare-basse-batterie fripouille aussi. Il déclare, pour expliquer ces références, que « Créer c’est mal copier. A force d’essayer de reproduire les chansons des autres, je suis arrivé aux miennes ».

Ce roturier self made man de la musique prend sa plume pour calquer le langage sportif sur des mots d’amours via « Fais Moi une Passe », comme le foot n’est pas tout dans la vie, il s’imagine rédacteur en chef de l’Equipe en parlant de vélo « Encore un Tour » avec un bon coup de pédale en danseuse sur les monts de l’Olympe et cherchant à se faufiler dans le maillot blanc de la femme récompense. Trimeur, porteur d’eau et évocateur cynique des faits sociaux (la canicule) dans « Tas Survécu c’est Bien », mais aussi sur les bienfaits de la pesanteur dans « L’ascenseur » en compagnie de Bénédicte Bourlier, « Olivier et Moi » c’est une belle chronique qui crée des légendes.

Comme Daniel Johnston mais en moins dingue, il enregistre une chanson sur une cassette par semaine et cela s’appelle de l’art brut. Le performeur devient constant et attend les résultats pour convaincre qu’un titre comme « Les Oiseaux du Bonheur » mérite un écrin et une distribution moins confidentielle, bref il s’entiche et persévère dans l’idée d’être un artiste à part… entière.

La suite de l’histoire est belle, on lui fait confiance, on compile le meilleur de ces bandes, on lui prescrit 2 coatchs : Da Dilva donc et Dominique Ledudal pour l’enregistrer et le mixer, il rentre dans une sorte d’INSEP qui s’appelle le studio Garage et des entraîneurs spécifiques aux instruments qu’il a choisi pour embellir ses chansons rustiques viennent se greffer à son projet.

Et si dans la dernière performance du disque « La Peur l’Emporte » il chante « Pour arrêter de souffrir, Faudra commencer à s’ouvrir ». On se dit que ce premier album est un bon début pour aller chercher la médaille d’or auprès du public.